Nous sommes en 1961, aux alentours de minuit. Barney et Betty Hill, 39 et 41 ans, rentrent de vacances passées dans le sud du Canada. Formidables vacances, d'ailleurs, dont la découverte des chutes du Niagara fut l'un des moments les plus forts. Sur l'autoroute qui traverse les White Mountains du New Hampshire, le temps se fait paresseux. La route est longue jusqu'à leur domicile de Nouvelle-Angleterre. Mais voilà qu'un phénomène curieux les intrigue : juste au-dessus de leur voiture, une grande « étoile blanche » semble les suivre à la trace. Lorsque le tracé sinueux de la route les oblige à ralentir, l'étoile ralentit également. On jurerait qu'elle les accompagne dans leur voyage. Mais qu'est-ce donc que cette étoile blanche ? Barney Hill, de nature plutôt sceptique, s'emploie à convaincre sa femme qu'il s'agit sans doute d'un avion se dirigeant vers Montréal.
Il y a fort peu de circulation, et le couple décide de s'arrêter pour permettre à la chienne Beajett de se dégourdir les pattes. Tandis que Betty la promène sur la berge d'un petit torrent, Barney examine la lumière étrange à la jumelle. Ils repartent bientôt, mais après quelques minutes, Barney ressent un besoin urgent de s'arrêter et de descendre de voiture. Ils se retrouvent à ce moment-là près d'un lieu isolé appelé Indian Head. Sous le regard inquiet de Betty, Barney semble étrangement attiré par l'objet lumineux qui scintille toujours dans le ciel. Sans écouter ses appels l'enjoignant de revenir à la voiture, il s'enfonce parmi les arbres qui bordent la route, les yeux toujours rivés sur « l'étoile ».
En s'approchant, Barney se rend compte que l'ovni est un vaisseau d'une forme étrange. Il décrira par la suite une sorte de « crêpe », sa femme une sorte de « banane » – ce qui n'est pas vraiment la même chose, mais la place nous manque pour stigmatiser ici les erreurs si fréquentes commises de bonne foi par des témoins oculaires. Plus fort encore : Barney est certain d'apercevoir des formes, des personnages à travers la grande baie vitrée se trouvant sur la face avant. Subitement, il lâche ses jumelles et s'écrie : « C'est pas croyable ! » Il bredouille ensuite quelque chose à propos d'un hélicoptère militaire qui leur aurait joué des tours, puis il pousse un cri perçant : « Ils vont nous prendre ! » Il tourne les talons et s'enfuit aussi vite qu'il le peut vers la voiture.
Le couple repart alors rapidement vers le sud, pour commencer la longue descente dans la plaine. Ils ressentent une curieuse sensation de détachement, ce que les ufologues nomment le « facteur Oz ». Sensation difficile à expliquer que l'on retrouve dans un grand nombre de « rencontres rapprochées ».
Mais notre histoire ne fait que commencer... Ils entendent un bruit, qu'ils identifieront de nombreuses années plus tard comme un genre de « bip » de four à micro-ondes. Après quelques instants, il y en a un second, suivi d'une secousse, puis la voiture retrouve son mouvement régulier. Tout va bien, le couple poursuit sa route vers son domicile, heureux que l'ovni ait finalement disparu. Fin du premier épisode.
Après leur retour, le lendemain matin, les Hill commencent à noter quelques problèmes du côté de la voiture. Par exemple, des taches curieuses sur la carrosserie, où la peinture semble écaillée. La sœur de Betty, qui raconte avoir déjà vu un ovni, propose de vérifier si ces taches sont magnétisées. Elle a entendu dire qu'un ovni pouvait faire caler les moteurs de voiture... A l'aide d'une simple boussole, les Hill constatent que l'aiguille s'affole complètement dès qu'ils approchent la boussole des taches sur la carrosserie, ce qui semble indiquer la présence effective d'un phénomène de magnétisme. Premier élément curieux.
Très troublé par cette découverte, le couple se rend sur la base aérienne voisine de Pease, afin de signaler leur rencontre avec un ovni la nuit précédente. Sur le moment, on ne leur donne aucune information complémentaire. Portant, selon l'ufologue Jacques Vallée qui examina les archives près de vingt ans plus tard – dans le cadre de la nouvelle législation américaine sur la liberté de l'information –, un incident similaire aurait bien été enregistré à la base à 2h15 du matin le 20 septembre. Cette révélation suggère, sans apporter de preuve formelle, qu'un ovni aurait été détecté par le radar militaire dans la région de White Mountains. Deuxième élément déroutant.
Les Hill se décident donc à prendre contact avec des ufologues. En réponse à leur lettre, l'ufologue-astronome Walter Webb leur rend visite. Loin d'imaginer les incroyables conclusions de l'enquête qu'il s'apprête à entreprendre.
Outre l'affaire des taches magnétiques, Barney avait noté quelques détails préoccupants apparus depuis cette fameuse nuit. Par exemple, il montre à Webb que ses chaussures sont abîmées, comme si on l'avait traîné sans ménagement sur le sol. Il a aussi très mal au dos depuis ce jour-là. Quant à Betty, le 30 septembre, elle commence à faire des cauchemars. Des cauchemars qui viendront sans cesse la hanter. Elle y voit d'horribles visages avec des yeux de chat. Ils appartiennent à des créatures qui tentent de la kidnapper, elle et son mari...
Lorsque Walter Webb rencontre les Hill, il note que Betty est plutôt bien informée en matière d'ovnis. En partie grâce à ses conversations avec sa sœur, mais aussi parce que Betty a lu plusieurs ouvrages et articles sur les ovnis depuis la fameuse rencontre. Prudent et circonspect, Webb n'est pas convaincu par l'allégation que des extraterrestres auraient été aperçus à l'intérieur d'un ovni. Néanmoins, il juge peu à peu que les Hill sont des témoins très crédibles. Aussi suit-il de près leur parcours, tandis que Betty tente de surmonter ses cauchemars effrayants.
Un jour, au cours de son enquête, Webb s'aperçoit que le couple souffre d'un trou de mémoire correspondant juste à la nuit du 19 septembre 1961... Deux heures de blanc total, et 55km parcourus durant ces 120 minutes, sans le plus petit commencement de souvenir. C'est ce jour-là que l'affaire est baptisée « le voyage interrompu des Hill ». A cause de ce « temps évaporé » – qui est devenu depuis un ingrédient classique du scénario d'enlèvement par des extraterrestres –, les Hill se résolvent à faire pratiquer sur leurs personnes de nombreux examens médicaux. Ils dureront plusieurs années. Motivés par cette lancinante question : que leur est-il arrivé cette nuit-là ?
Au printemps 1962, les Hill traversent une période de crise. Le souvenir des rêves de Betty et le délire de persécution dont souffre Barney les ont poussés à consulter un médecin pour tenter de surmonter ces tourments psychologiques. Après avoir vu plusieurs spécialistes, ils consultent finalement le docteur Benjamin Simon, psychiatre à Boston. Simon, qui a fait ses études de médecine à Harvard, est devenu un expert reconnu dans le domaine de la gestion du stress. Il accepte de les traiter de manière à leur permettre de retrouver une vie normale.
Le praticien est informé de la rencontre avec l'ovni et des rêves, mais n'envisage pas une seconde qu'il puisse s'agir d'expériences paranormales. Il recommande l'hypnose régressive, à ses yeux le meilleur moyen de reconstituer ce qui s'est produit pendant le fameux voyage des Hill. Le raisonnement du docteur Simon est simple : les cauchemars de Betty sont déclenchés par l'angoisse et les rêves induisent un traumatisme profond parce qu'ils sont perçus comme la réalité. Une fois celle-ci révélée, espère-t-il, les Hill commenceront à se remettre du choc.
Dès le début, la thérapie révèle l'impact émotionnel énorme de cette nuit de septembre. Bien que Betty et Barney effectuent leurs régressions séparément, un certain nombre d'images provenant de leurs souvenirs inconscients sont remarquablement similaires. Il y a également des discordances, mais les événements qu'ils revivent sont d'une telle intensité qu'il en résulte un stress considérable, parfois une véritable terreur. Le docteur Simon n'avait jamais observé une telle réaction à l'hypnose. Et il doit plusieurs fois demander de l'aide auprès de ses collaborateurs pour retenir Barney, alors que celui-ci revit les événements de la nuit et lutte pour tenter d'échapper aux extraterrestres qu'il « voit ».
Après six mois de thérapie, le docteur Simon est persuadé du caractère très particulier de l'affaire. Lorsqu'il en achève le compte rendu, il indique à ses collègues chercheurs : « Il y a de nombreuses choses inexplicables. J'ai fait subir aux patients de nombreux tests au cours de ces mois de thérapie, sans parvenir à modifier leur récit, et il est certain qu'ils ne trichaient pas. » Les révélations faites par nos hypnotisés sont en effet explosives. D'après leurs indications, l'ovni a atterri près de la route et a provoqué chez les Hill un état de quasi-perte de conscience. Le couple a été amené de force à bord du vaisseau par de petits êtres, à la peau blanchâtre, avec de grands yeux de chat, ressemblant beaucoup aux « petits gris » que l'on signale souvent dans les enlèvements extraterrestres.
Une fois à bord du vaisseau, on a séparé le couple et chacun a subi un examen médical, tandis qu'une voix intérieure leur murmurait de ne pas avoir peur. Un prélèvement de sperme a été effectué sur Barney à l'aide d'un appareil à succion, tandis que Betty a subi la douloureuse expérience de se voir insérer dans l'abdomen une longue aiguille. On lui a dit qu'il s'agissait d'une forme de test de grossesse.
Bien que la femme ait toujours soutenu que l'examen de son corps n'avait nullement porté sur ses organes sexuels, l'affaire des Hill est pour certains observateurs l'un des premiers témoignages suggérant que les extraterrestres s'intéresseraient à notre patrimoine génétique. Selon cette hypothèse – également formulée à propos d'autres affaires plus récentes –, l'un des principaux objectifs des voyages effectués par les extraterrestres sur notre planète serait de procéder à des expériences génétiques, dans le but de créer une sorte de progéniture hybride, mi-humaine, mi-extraterrestre.
On ne saura sans doute jamais si c'était le cas pour les Hill. On sait cependant que d'autres échantillons furent prélevés lors de leur séjour à bord du vaisseau spatial, notamment des morceaux d'ongles et de cheveux. Apparemment, les extraterrestres étaient fort intrigués par les différences existant entre le mari et la femme. Barney notamment, d'origine éthiopienne, semblait les fasciner.
Betty poursuivait ainsi sont récit sous hypnose : elle avait tenté de convaincre celui qui semblait être le chef des extraterrestres de lui laisser emporter un livre comme preuve de leur aventure... mais cela lui avait été refusé. Finalement, ils avaient fait sortir les Hill du vaisseau, lesquels avaient perdu connaissance pour se réveiller de nouveau dans leur voiture, ayant apparemment franchi plusieurs kilomètres sur leur route.
L'enlèvement de Betty et Barney Hill est devenu une référence dans l'histoire de l'ufologie. À la suite de leur aventure, les chercheurs s'imposèrent une plus grande discipline et acquirent une plus grande crédibilité en adoptant des méthodes de recherche plus systématiques, y compris la technique controversée de la régression hypnotique. Ce fut également la première affaire d'ufologie à passionner l'opinion. L'enlèvement des Hill a donc bien représenté un événement considérable, que les nombreux cas similaires survenus depuis n'ont pas su supplanter dans les mémoires.
Un des éléments les plus extraordinaires du récit de Betty Hill fut révélé sous hypnose. Au cours de son enlèvement, elle raconte qu'après avoir subi des examens médicaux, les extraterrestres lui montrèrent une « carte des étoiles ». Lorsque Betty demanda une explication, ils lui répondirent qu'elle représentait les divers systèmes stellaires qu'ils avaient déjà visités. De nombreux points reliés par des lignes pleines étaient censés figurer des routes commerciales entre les étoiles.
Des lignes continues, moins marquées, rejoignaient les étoiles que les extraterrestres avaient visitées occasionnellement. Enfin, les pointillés correspondaient à des destinations visitées une seule fois.
Après que Betty Hill eut dessiné de mémoire cette carte, l'astronome Marjorie Fish entreprit d'en vérifier la validité. En 1974, elle fit un graphique de l'emplacement des étoiles à 50 années-lumière de la Terre, en sélectionnant celles qui avaient le plus de chances de comporter des planètes habitables. Fish trouva une certaine correspondance, bien qu'imparfaite, entre sa carte et celle de Betty, ce qui lui permit de formuler l'hypothèse que la planète des extraterrestres serait Dzeta II, deuxième planète du soleil Dzeta de la galaxie de Érédian du Réticule.
Facteur X a rencontré Betty Hill dans sa maison de Portsmouth dans le New Hampshire (Etats-Unis). Elle a accepté de revenir sur son aventure.
FX : Selon vous, pourquoi vous et votre mari avez-vous été choisis par les extraterrestres ?
BH : Je crois que nous avons attiré leur attention en raison de notre comportement : nous avons arrêté la voiture, nous les avons examinés à la jumelle, nous faisions des signes en poussant des cris. Nous manifestions de la curiosité, ce qui les a peut-être rendus curieux à notre égard.
FX : L'opinion publique accepte-t-elle mieux l'idée des enlèvements qu'il y a 30 ans ? [NDLR : 58 ans au moment de la publication sur les voies libres]
BH : Je ne crois pas. Comme nous étions les premiers, notre expérience fut acceptée. Mais aujourd'hui, les gens ne croient pas si facilement les histoires d'enlèvement. Il y a eu tant de fantasmes bizarres... Tout est devenu sexuel, ce qui a plutôt refroidi l'opinion publique.
FX : D'après vous, les enlèvements sont-ils choses courantes ?
BH : Non. Les vrais enlèvements sont rares. Dans notre cas, il n'y avait aucun élément sexuel. De nos jours, les enquêteurs font appel à l'hypnose suggestive plutôt qu'à l'hypnose médicale telle qu'elle a été pratiquée par le docteur Simon sur nous.
FX : Le gouvernement américain en sait-il plus sur les ovnis qu'il ne veut bien le dire ?
BH : Oh ! Bien entendu ! Mais je crois aussi qu'il a déjà divulgué pas mal de choses sur les ovnis, simplement pour tester la réaction du public...
Bien que les Hill aient demandé à leur médecin de respecter l'anonymat, des informations concernant leur expérience parvinrent aux médias locaux. Les Hill et leur psychiatre acceptèrent alors de coopérer avec un journaliste de Boston très respecté, John Fuller, pour faire en sorte que l'affaire soit correctement diffusée dans les médias.
L'enquête approfondie de Fuller sur l'affaire Hill est généralement considérée comme un des grands classiques de l'ufologie. Publié sous le titre Le Voyage interrompu, il parut en feuilleton en 1965 et 1966 dans les grands journaux. À lui seul, cet ouvrage a crédibilisé l'hypothèse d'enlèvements extraterrestres, même si certains ufologues ont encore du mal à accepter cette notion.
En 1975, un téléfilm fut tourné d'après le livre de John Fuller. UFO Incident reste l'une des reconstitutions les plus fidèles d'une véritable rencontre avec un ovni. Dès le lendemain de la projection du film à la télévision américaine, on nota le début d'une vague d'enlèvements extraterrestres – avec en particulier, en novembre 1975, la mystérieuse disparition durant cinq jours du bûcheron Travis Walton à Snowflake, Arizona (Etat-Unis).
L'un des aspects les plus controversés de l'enlèvement des Hill concerne le recours à la régression sous hypnose pour retrouver le souvenir de ce qui s'était produit au cours de la nuit du 19 septembre 1961.C'est la première fois que cette méthode fut utilisée ; depuis lors, elle a été adoptée dans des affaires similaires.
Aujourd'hui, des milliers de rencontres du troisième type ont été signalées et enregistrées ; leur « authenticité » est fondée uniquement sur des récits obtenus sous régression hypnotique. Malheureusement, cette technique n'a pas toujours été utilisée de façon aussi rigoureuse que par le docteur Benjamin Simon pour les Hill. Dans certains cas, elle a même été employée par des personnes sans aucune compétence médicale... qui se sont bornées à imiter ce qu'elles avaient vu faire par des experts.
Les psychiatres sont encore profondément divisés sur la valeur de la régression sous hypnose. On sait que cette technique, loin de servir uniquement à retrouver des souvenirs enfouis, permet également de stimuler des fantasmes... Ainsi, les informations obtenues sous hypnose ne sont plus acceptées comme preuves devant les tribunaux, tant il est vrai qu'elles manquent de fiabilité... De même, dans les affaires d'enlèvement, il est impossible de déterminer la part des souvenirs authentiques... des purs fantasmes.
Facteur X N°29 (texte et photos)
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