A Adeline...
Le mot "café", apparu vers 1600 sous diverses formes, est emprunté au turc "qahve", lui-même repris à l'arabe "qahwa" qui, selon Littré, désigne la boisson, non la graine, et signifierait à l'origine "liqueur apéritive".
Le mot se rencontre d'abord dans le latin des savants sous la forme "caoua" (1592 Alpinus, De Plantis Aegypti Liber) et sous la forme "chaonae" (1599, chez le savant hollandais Paludanus), littéralement francisée en "chaone" (1610) et donnée comme provenant des îles Maldives (au sud de Ceylan).
Ces formes ne sont pas passées dans l'usage (sauf emprunt populaire de "caoua", 1863, par les soldats en Algérie), non plus que "cavé" (1612), "caué" (1633), "cahvé" (1654) et "kaoah" (1637), mentionnés dans des relations de voyages en Arabie, Turquie, Perse et Syrie.
La forme actuelle "café" (1665) apparaît sous les graphies "cafeh" (1651) puis "caphé" (1671 Dufour, De l'usage du caphé, du thé et du chocolate, ouvrage qui connut un grand retentissement). La forme dominante du mot hésite alors entre "café" et "caphé" ; la première l'emporte à la fin du XVIIe siècle.
On appelle "café" les graines du caféier, qui, torréfiées puis moulues, permettent la fabrication de la boisson du même nom.
LE CAFEIER
Le caféier est un arbuste du genre coffea (même famille que les gardénias, quinquinas et garances).
Il existe plus d’une centaine d’espèces de caféier sauvage, mais 10 seulement sont cultivées dont 4 principales :
Arabica :
L’arabica (coffea arabica), originaire des forêts des montagnes d'Abyssinie (Ethiopie), est longtemps cultivé au Yémen (Arabie Heureuse) d'où il est exporté vers l'Europe par le port de Moka (1683).
L’arabica est cultivé dans les régions montagneuses d'Afrique et d'Inde mais surtout en Amérique latine (Hauts plateaux d'Amérique latine, dans les vallées abritées, entre 600 et 2 000 m, Colombie, Mexique, Costa Rica, Brésil, etc.).
Ses principales variétés sont le bourbon, le cattura, le maragogype et le munconovo.
En Amérique du Sud, les variétés sont subdivisées en brésils et en légers.
Les brésils se décomposent principalement en santos, parana et rio, du nom des ports d'où ils sont expédiés.
Les légers sont identifiés par le nom du pays ou du district où ils ont poussé, comme medellin (très réputé), armenia et manizales pour les cafés de Colombie.
Robusta et kouillou :
Le robusta et le kouillou sont originaires des forêts d'Afrique équatoriale chaude et humide. Ils sont cultivés, notamment en plaine, en Afrique, à Madagascar, en Inde, Indonésie, Océanie.
La culture du robusta, une variété de l’espèce coffea canephora, est développée en Côte d’Ivoire principalement et en Extrême-Orient (notamment au Viêt-Nam).
Le robusta est plus riche en caféine que l’arabica (2 à 3 % contre 1 à 1,5 %) ; il convient bien pour le café soluble.
Arabusta :
L’arabusta est un hybride.
L’arabica et le robusta fournissent les neuf dixièmes de la production mondiale.
Sont cotés à la bourse des matières premières : les arabicas lavés (venant surtout d'Amérique centrale), les non lavés (du Brésil), les milds (arabicas lavés, d'un goût suave, de Colombie ou Kenya) et les robustas.
Le caféier (3 à 15 m de haut, 2 à 3 m dans les plantations) fructifie au bout de 3 ans jusqu'à 30 ans. Il vit de 60 à 100 ans.
Il demande une chaleur de 18-23° C (arabica) ou de 22/26°C (robusta), 1,50 à 2 m d'eau par an et des engrais.
Il donne en moyenne 2,5 kg de cerises par an (fruit contenant 2 grains de café) qui fournissent 0,5 kg de café vert, soit 0,4 kg de café grillé [de quoi faire 40 tasses de café à 8/10 g de café moulu par tasse, soit 1 cuillerée à soupe pleine à dos d'âne (législation : 7 g au minimum)].
LE CAFE
La fève renferme un mélange complexe de divers composants. La dégradation partielle de la fève lors de la torréfaction entraîne l’apparition d’un certain nombre de produits, notamment des composés aromatiques.
On classe les constituants du café en deux catégories :
- les composants gustatifs, non volatils, qui sont la caféine (0,8 à 2 % du poids total dans les variétés sauvages), la trigonelline, l'acide chlorogénique et les acides phénoliques, les acides aminés, les glucides et les minéraux ;
- les composants volatils, dont les principaux sont les acides organiques, les aldéhydes, les cétones, les esters, les amines et tous les composés sulfurés connus sous le nom de mercaptans.
Récolte et séchage
Le caféier produit des fleurs blanches, puis des fruits rouges, appelés "cerises", qui renferment deux graines, ou fèves.
Ces fèves sont récoltées encore vertes, selon deux méthodes : l’une est fondée sur la cueillette sélective, l’autre consiste à secouer l’arbre pour en faire tomber les fruits.
Les fèves cueillies de façon sélective sont ensuite ramollies à l’eau, débarrassées mécaniquement de leur pulpe, mises à fermenter dans de grands bassins, lavées à nouveau, puis séchées à l’air libre ou dans des cylindres rotatifs chauffants.
La technique dite sèche, généralement appliquée aux fèves récoltées selon la deuxième méthode, se résume à leur séchage au soleil pendant trois semaines et à l’élimination de leur enveloppe.
Dans les deux cas, le café vert est ensuite trié, puis calibré et mis en sac.
100 kg de fèves fraîches fournissent 20 kg de café vert.
Torréfaction
La torréfaction du café (effectuée dans le pays importateur) assure la fragmentation du tanin et la suppression de l’huile, et libère l’arôme des fèves.
Cette torréfaction s’effectue en deux temps : tout d’abord, les fèves sont grillées pendant 12 à 15 min ; les températures s'échelonnent de 193°C pour une torréfaction légère à 205°C pour une torréfaction moyenne et jusqu'à 218°C pour une torréfaction poussée.
Ensuite, les fèves torréfiées sont rapidement refroidies. La couleur brune des fèves ainsi obtenue est due à la carbonisation de la cellulose et du sucre.
Dans la plupart des cas, plusieurs variétés de café vert sont mélangées et torréfiées ensemble, de façon à produire les goûts et les arômes chers aux buveurs de café.
Il faut 20 kg de café vert pour obtenir 1,5 kg de café torréfié.
Les fèves torréfiées sont ensuite soit emballées et expédiées telles quelles dans les commerces de détail, ou bien moulues avant expédition.
Le café moulu perd son parfum en moins d'une semaine s'il n'est pas emballé de façon adéquate. Les emballages associant papier et plastique assurent au mieux sa protection. Scellés hermétiquement sous vide d'air, les paquets conservent la fraîcheur du café pendant trois ans.
Principaux torréfacteurs en France : Kraft Jacobs Suchard (KJS), Sara Lee, Legal.
Cafés solubles et décaféinés
Le café soluble ou instantané, est un produit phare de l'industrie du café. Il est obtenu par déshydratation d'extraits de café selon deux méthodes différentes, l’atomisation et la lyophilisation.
L’atomisation permet de sécher à chaud les extraits de café.
Lors de la fabrication du café lyophilisé, dont l’arôme est meilleur que celui du café obtenu par atomisation, l'extrait de café est congelé, et l'eau éliminée par sublimation. Le produit obtenu est emballé sous vide d'air dans des récipients scellés.
Le café décaféiné est obtenu par traitement des fèves vertes avec du carbone actif ou du dichlorure de méthane (DCM) qui absorbent la caféine.
Trois variétés de caféier éthiopien dont les baies sont naturellement décaféinées ont été découvertes.
Substituts du café
L'utilisation de substituts du café est limitée.
Le principal est la chicorée, habituellement utilisée comme agent de coupage. Dans la plupart des pays, l'addition de chicorée ou de toute autre substance doit être clairement mentionnée sur l'étiquette du produit.
LA CAFEINE
Teneur (en mg) : par tasse : robusta fort 200 à 250, arabica fort 80 à 100, café soluble 50 à 100, café décaféiné 2 à 10, thé 30 à 60, chocolat 10 à 40, boisson au cola 20 à 30 (pour 33 cl). Selon la variété : arabica 0,8 à 1,5 %, canephora (robusta, kouillou) 1,5 à 2,7 %, arabusta 1,5 à 2 %.
Un café décaféiné ne doit pas contenir + de 0,1 % de son poids de caféine (0,3 % pour les cafés solubles).
Pour 100 g d'aliments aromatisés au café : Ovomaltine café : 156 mg, bonbons Ricqlès café : 70, pâtisserie éclair : 11.
Effets de la caféine sur la santé :
Au-dessus de 900 mg de caféine par jour (10 à 15 tasses), il y a risque d'intoxication chronique caractérisée par tremblements, palpitations, insomnies, nervosité, anxiété, irritabilité.
Le café entraîne une augmentation du rythme cardiaque (si les doses ingérées sont importantes) et de la pression artérielle chez les buveurs occasionnels.
Le café au lait est plus difficile à digérer : les tanins du café précipitent la caséine du lait au contact acide de l'estomac, il se forme des « grumeaux » inattaquables par les sucs gastriques.
La caféine est utilisée en pharmacie ; elle aide à l'effort, à la digestion, combat la migraine, aiguise les activités intellectuelles et la mémoire et améliore la mémoire déficiente dans la maladie d'Alzheimer.
Le café peut faire maigrir : une dose de 100 mg de caféine augmente les dépenses énergétiques de 16 % en 2 h.
Selon une étude de l'Ecole Harvard de Santé Publique, publiée le 26 septembre 2011 dans l’édition en ligne des Archives of Internal Medicine, le risque de dépression est diminué jusqu'à 20% en buvant du café. En effet, la caféine agit comme stimulant du système nerveux, mais elle peut entraîner des effets physiologiques importants : son abus peut entraîner une intoxication appelée caféisme. Durée de vie de la caféine : 8 h avec une pointe à 5 h.
Cependant, il est possible d’éliminer la caféine ; le café ayant subi ce traitement est dit "décaféiné".
LES ANTIOXYDANTS
Le café contient plusieurs sources d’antioxydants ; au premier rang, les fameux polyphénols qu'on retrouve aussi dans le vin.
Les polyphénols du café sont essentiellement : l’acide chlorogénique, caféique et quinique. Ils ont l’avantage d’être très bien assimilés par l’organisme et possèdent un pouvoir antioxydant très puissant.
Les autres antioxydants sont le kahwéol et le cafestol. Ils agiraient notamment au niveau du foie ou des reins.
Selon une étude menée par le docteur Esther Lopez-Garcia de l’université de Madrid, les antioxydants du café diminueraient, jusqu'à 25%, le risque de mourir de maladies cardiovasculaires.
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
Le café est africain. On trouve à l'état spontané plusieurs espèces de caféier dans une vaste zone qui occupe les régions tropicales et équatoriales de l'Afrique, de part et d'autre de l’Equateur.
Cependant le caféier d'Arabie, originaire des hautes vallées de l’Ethiopie (notamment à Kaffa où, avec les fruits entiers encore verts ou leur pulpe séchée, on faisait une farine mêlée à de la graisse animale et consommée en boulettes ou galettes), est l'espèce grâce à laquelle le café, en tant que fruit à boisson, a connu en Europe et dans le monde entier une fortune sans égale.
La boisson offerte par David à Abigaïl aurait été du café. D'autres pensent que c'est de cette substance que parle Homère dans son Odyssée sous le nom de "népenthès".
L'an 656 de l'hégire, le calife Omar, réfugié avec ses disciples dans les montagnes d'Ousab, n'y aurait trouvé à manger que du café…
La culture du café remonterait au VIIe siècle av. J.-C., époque à laquelle il est produit en Arabie, au bord de la mer Rouge, et utilisé comme médicament (infusion de feuilles et fruits).
La légende veut que ses vertus excitantes aient été découvertes par un chevrier du Yémen dont les bêtes, ayant brouté les fruits rouges d'un arbuste qu'elles affectionnaient particulièrement, ne pouvaient dormir les nuits suivantes : « Un gardien de chèvres se plaignit à des moines que ses chèvres veillaient et sautaient toute la nuit contre leur ordinaire. Le prieur les observa dans l'endroit où elles paissaient, et, ayant remarqué qu'elles mangeaient des fruits de certains arbres, il fit bouillir de ces fruits dans l'eau, et éprouva qu'en buvant de cette eau elle excitait à veiller. Il en donna à ses moines pour les empêcher de dormir pendant les offices de nuit. » 2
Rhazès, médecin arabe du IXe siècle, est le premier à faire mention du café et de certaines de ses propriétés.
Mais il faut arriver au XIe siècle et au grand Avicenne, autre médecin musulman dont la renommée parvient jusqu'au monde savant de notre Moyen Age, pour disposer d'une étude complète.
Après quoi, avec l'intensification de sa culture, l'usage du café va se répandre et atteindre La Mecque. La curiosité pique les pèlerins venus embrasser la pierre noire de la Kaaba ; ils rentrent chez eux avec le goût du café à la bouche, et l'Islam tout entier, du Caire à Alep, de Damas à Bagdad et à Téhéran, se met au breuvage noir.
À partir du XVe siècle, cette culture s’étend au Yémen (où le port de Moka est un important centre de commerce), puis se développe dans l’Orient tout entier.
1420 : Présence du café à Aden.
1450 : maisons à café à Aden puis à La Mecque.
1511 : la consommation de café est interdite par le sultan de La Mecque et le bey du Caire.
En 1554, le café prend pied sur le rivage européen du Bosphore : à Constantinople s'ouvrent deux établissements, sous le nom de « cahué », qui deviennent très vite le rendez-vous des poètes, des cadis et des hauts dignitaires de l'Empire turc. Le café devient boisson nationale en Turquie (règne de Soliman II). La tasse du précieux breuvage est vendue 1 aspre, monnaie d’argent valant 0,025 franc-or.
A peu près à la même époque (seconde moitié du XVIe siècle) on entend parler du café pour la première fois en Europe.
En 1582, Léonard Rauwolf (médecin d'Augsbourg), revenant d'Alep, écrit un livre sur le café et mentionne "le breuvage noir comme de l'encre et fort utile en divers maux, dont ceux de l'estomac en particulier".
En 1591, Prospero Albini (+1617), professeur de botanique à Padoue, qui a rencontré le caféier en Egypte, le décrit scientifiquement (De Medicina Egyptiorum).
Clément VIII (pape de 1592 à 1605) déclare le café "agréable" mettant ainsi un terme à la mise en garde des chrétiens d’Italie contre cette boisson, considérée auparavant comme "boisson sombre de l'Islam" donnée par Satan aux musulmans pour les consoler de ne pouvoir boire du vin, boisson sacrée du Christ.
En 1614/1615, l'humaniste Pietro della Valle boit son premier "cahué" à Constantinople.
Enfin, sir Thomas Herbert, en mission officielle en Perse (1627/1628) insiste sur la popularité que cette boisson connaît partout dans le Proche-Orient.
On commence à boire du café en Italie en 1640, en France en 1644, en Grande-Bretagne en 1652 (à Oxford, un certain Jacob, juif venu de Turquie, ouvre une maison à café).
1644 : le café est importé à Marseille par Pietro della Valle. Louis XIV boit son premier café.
1645 : à Venise, première maison à café d'Europe.
Au cours du XVIIe siècle, la consommation de café augmentant progressivement en Europe, les Hollandais commencent à le cultiver dans leurs colonies : Java (1650), Ceylan.
En 1652, Pasqua Rosée, Arménien ou Grec, ouvre le premier Café londonien, dans Saint Michael's Alley, Cornhill.
1656 : le grand vizir Köprülü interdit la consommation du café.
En 1660, un voilier venu d’Egypte débarque à Marseille un premier chargement de balles de café (toute sa cargaison), laquelle est répartie aussitôt entre les apothicaires de la ville.
Et c'est le départ d'une longue discussion entre médecins, qui va durer deux cents ans. Le café est-il un remède ou un poison ? Secoue-t-il "l'apathie du corps" ou s'attaque-t-il aux "corpuscules du cerveau ?" La faculté d'Aix le condamne, mais Dufour, médecin lyonnais, explique pourquoi ses effets sont tonifiants.
C'est vers cette époque aussi que Mme de Sévigné, citant la Faculté ("le café précipite le sang"), conseille à sa fille de s'en tenir aux fruits et à l'eau de Vichy ; elle aurait dit : « Racine passera comme le café ».
1664 : ouverture du premier Café français à Marseille.
1669 : Soliman Aga, ambassadeur de Turquie, présente le café à la cour de Louis XIV. L'Empire ottoman souhaite une alliance avec la France, contre l'Autriche. L’ambassadeur du Grand Turc multiplie les réceptions mondaines. Le café qu'il fait servir délie les langues et l'Aga apprend que le roi de France ne lèverait pas le petit doigt pour son maître.
Un Anglais ouvre, en 1677, la première Maison de café à Hambourg.
En 1683, l'immense armée de Kara Mustafa met le siège devant Vienne. Louis XIV ne réagit pas.
Charles de Lorraine et Jean Sobieski volent au secours des Viennois affamés. La jonction s'opère grâce à l'exploit de Kulczyski (un Polonais installé dans la capitale autrichienne et naguère interprète à Constantinople où il a appris à aimer le café... turc) qui réussit à traverser les lignes ennemies et à transmettre un message des assiégés à Charles de Lorraine.
Deux cent mille Osmanlis lèvent le camp, abandonnant munitions et provisions, dont un stock de 500 sacs de grains noirs dont la municipalité viennoise, en signe de reconnaissance, fait cadeau à Kulczyski en même temps qu'elle l'autorise à ouvrir le premier café, à deux pas de la cathédrale. Ainsi, ayant fait quinze ans plus tôt la conquête de Paris, le café étend son empire sur l'Europe centrale. Mais les Viennois sont d'abord vignerons et buveurs de vin, et le marc de café turc n'est guère à leur goût. Kulczyski a alors une idée géniale : il filtre le marc et ajoute trois cuillers de lait au breuvage ainsi obtenu. Allant jusqu'au bout de sa profanation, le Polonais demande au plus proche boulanger de lui confectionner des petits pains briochés en forme de croissant qui rappelleront aux Autrichiens le souvenir de leur victoire sur les hérétiques. Cette fois, il obtient l'adhésion unanime de sa clientèle. Le café viennois est né.
En 1686, le sicilien Francesco Procopio dei Coltelli ouvre à Paris, rue des Fossés Saint-Germain, au numéro 13, face à la Comédie Française, le premier établissement qui prend le nom de café : le Café Procope. Le premier Café parisien, "Maison de Caoué", avait été ouvert à la foire de la place Sainte-Geneviève par l'arménien Pascal vers 1670-1672.
La cafédomancie, art divinatoire consistant à lire dans le marc de café, apparaît pour la première fois en Europe à la fin du XVIIe siècle dans un traité du florentin Thomas Tamponelli. En Orient elle est pratiquée couramment dans les harems. L’interprétation des tâches laissées par des boissons comme le café ou des infusions comme le thé est coutumière en Asie.
1710 : quelques caféiers sont confiés au Jardin d'Amsterdam.
1712 : un pied de caféier est confié par Louis XIV au Jardin des Plantes.
1720 : le Café Florian est ouvert à Venise.
Il existe trois cent quatre-vingts cafés à Paris (les endroits où le café est servi ont pris eux-mêmes le nom de café).
C'est au Procope et dans ces autres cafés que naîtront et se communiqueront les nouvelles idées et les théories subversives nées de l'esprit encyclopédique. Les Encyclopédistes se réunissaient au Café Procope, les Parnassiens à la Closerie des Lilas et les Existentialistes aux Deux Magots. En ce sens, on peut dire que le café est à l'origine de la Révolution française.
1723 : en allant aux Antilles, Gabriel de Clieu (officier français) sauve le seul pied de caféier (importé de Hollande) restant en partageant sa ration d'eau avec lui : il donne naissance aux plantations des Antilles françaises.
Les Anglais créent des plantations en Jamaïque, et les Espagnols font de même aux Philippines. La culture du café s’étend peu à peu à toute l’Amérique latine.
1725 : le Café Quadri est ouvert à Venise.
1727 : le café gagne le Brésil. 1730 : Jamaïque. 1748 : Cuba.
1789 : la France est le premier producteur et consommateur de café au monde.
XVIIIe siècle : le roi de Prusse Frédéric le Grand limite la consommation de café pour protéger celle de la bière.
En 1802, lors d'une visite de Jean Chaptal et d'Antoine de Fourcroy à leur ami François-Antoine Descroizilles, pharmacien à Rouen, ce dernier leur montre son invention, la cafetière, faite de deux récipients superposés et séparés par un filtre. Descroizilles appelle son invention "caféolette". Bien peu d'inventions ont été aussi simples dans leur principe. Bien peu, aussi, ont rencontré un tel succès.
On attribue aussi l’invention de la cafetière (appelée "le dubelloire" ou "la débelloire"), vers 1800, à Jean Baptiste de Belloy, archevêque de Paris.
En 1806, le chimiste et agronome Antoine Cadet de Vaux, auteur d'une fameuse Dissertation sur le café, crée la cafetière en porcelaine.
1820 : découverte de la caféine par l'Allemand Ruge et les Français Pelletier, Carenton et Robiquet.
1822 : le Français Louis-Bernard Rainait invente le percolateur, présenté en 1855 à la foire-exposition de Paris (remplit 2 000 tasses/heure).
1840 : en Algérie, au poste militaire de Mazagran, 125 soldats français, assaillis pendant 3 jours par plusieurs milliers d’Arabes, ne peuvent boire leur café qu’à la va-vite dans un verre à pied. Le mot "mazagran" qui rappelle ce combat, apparaît vers 1860.
1851 : production du café Legal (de Lemonier et Gally).
1905 : Ludwig Roselius trouve le procédé qui permet d’obtenir du café décaféiné.
1908 : À Dresde, Melitta Bentz et son mari Hugo Bentz inventent le filtre à café.
Longtemps dominée par les pays d’Amérique du Sud, Brésil en tête, la production de café se répand, au cours du XXe siècle, à l’Afrique (Madagascar, suivi par le Congo, le Cameroun et l’Angola) puis, dans une moindre mesure, à l’Asie (Indonésie notamment).
Le 1er avril 1938, le café soluble est mis au point, après 7 ans de recherche, par Max Rudolf Morgenthaler et son équipe à l'usine Nestlé d'Orbe en Suisse.
1939 : Nestlé dépose la marque Nescafé. Ainsi commence l'agonie de la cafetière quand la société suisse commercialise le café soluble : le "café-éclair sans cafetière".
Après le café turc et le café filtre, la machine à espresso, inventée par l'Italien Achille Gaggia en 1946, renouvelle la manière de faire le café. L'expresso déborde largement les frontières de son pays natal. En Grande-Bretagne, il connaît un immense succès : passant directement de l'insipide "jus de chaussette" à la quintessence essentielle, les Anglais vivent, avec la création du Coffee Bar, une sorte de révolution effervescente et multiplicatrice qui, partie de Soho, submerge tout le Royaume ; The Moka Bar, dans Frith Street, est le premier à ouvrir.
Dès 1962, les principaux pays producteurs de café signent, sous l’égide de l’ONU, un accord destiné à éviter les surproductions. Renégocié en 1968, en 1976 et en 1983, celui-ci s’avère inefficace et peu respecté. La signature d’un nouvel accord échoue en 1989, puis en 1997.
En 1965, la naissance du café lyophilisé, donne un nouvel essor au café soluble et précipite l'agonie de la cafetière.
24 septembre 1993 : création de l’Association des producteurs de café (APC) regroupant 27 pays (80% de l’offre mondiale).
En 2016, les principaux pays producteurs de café vert sont (en tonnes) : le Brésil (3 019 051), le Vietnam (1 460 800), la Colombie (745 084), l’Indonésie (639 305) et l’Ethiopie (469 091) 1.
CITATIONS
Le chevalier croit que le café l'échauffe, et moi en même temps, bête comme vous me connaissez, je n'en prends plus. (Mme de Sévigné 1626-1696)
On apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent. (Montesquieu, Lettres persanes, 1721)
Si c'est un poison, c'est un poison lent. (Voltaire 1694-1778)
Le café fort, et beaucoup, me ressuscite ; il me cause une cuisson, un rongement singulier, une douleur qui n'est pas sans plaisir. J'aime mieux souffrir que de ne pas sentir. (Napoléon I 1769-1821, malade)
Le café repousse le sommeil. (Brillat-Savarin 1755-1826)
Noir comme le diable,
Chaud comme l’enfer,
Pur comme un ange,
Doux comme l’amour. (Talleyrand 1754-1838)
Ce bon élixir, le café,
Met dans nos coeurs sa flamme noire. (Théodore de Banville 1823-1891)
Par le thé, l'Orient pénètre dans les salons bourgeois ; par le café, il pénètre dans les cerveaux. (Paul Morand 1888-1976)
Parmi toutes les substances enivrantes, le café et le thé sont les moins nuisibles. (Moquel)
Thé et café donnent de l'esprit à ceux qui en ont et des insomnies à ceux qui n'en ont pas. (Agnès Verlet)
Le café doit être noir comme l'enfer, fort comme la mort et doux comme l'amour. (Proverbe turc)
Notes
1 http://www.fao.org/faostat/fr/#home
2 Gemaleddin Dhabhani (1420)
Sources
Encyclopédie des découvertes. Création édition et recherche. 1987
Pour tout savoir. Ed. France Loisirs. 1989
Depuis quand ? Germa (Pierre). Ed. Solar. 1992
Autres
Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : Compilhistoire
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