Le suicide devient de nos jours la solution à la souffrance morale, une solution qui passe pour lâche aux yeux de certains, et qui pour d'autres est vue comme une souffrance ingérable et ceux qui en fait n'en n'ont rien à faire des personnes qui souffrent et pourtant :
MARDI 25 JUIN 2013 À 20.35 - ENQUÊTE DE SANTÉ
Depuis quinze ans, le nombre de suicides en France n'a pas baissé, excepté pour la tranche des jeunes, où il a été divisé par deux. Un encouragement ?
Chaque année, le suicide fait en France trois fois plus de morts que les accidents de la route et plus de 160 000 personnes attentent à leurs jours. Un terrible fléau, que les pouvoirs publics peinent à prendre en considération, malgré les initiatives de nombreuses structures hospitalières ou associatives.
« Le suicide est une catastrophe dans une famille », rappelle le Pr Jean-Louis Terra, psychiatre. Depuis que son fils Christophe s'est donné la mort en 2006, Isabelle Merlay refait, impuissante, le film des événements : « Le jour où l'on a vraiment vu que cela a basculé, c'est quand, fin septembre, il a fait une fugue d'une journée », témoigne cette mère, brisée. Chaque année, à Brest, dans le Finistère – l'un des départements où le taux de suicide est le plus élevé –, 1 200 personnes sont admises aux urgences après une tentative de suicide. Pour les accompagner, le Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) La Cavale blanche, comme, depuis 1999, le CHRU Michel-Fontan de Lille, a mis en place un accompagnement pour prévenir le risque de récidive. Des prises en charge qui sont encore loin d'être généralisées. « C'est la réalité des urgences : tous les patients "suicidants" ne peuvent être hospitalisés, car on a clairement un manque de lits, explique le psychiatre Michel Lejoyeux. La situation serait, je pense, différente si l'on était capable de repérer que la première cause de mortalité avant 40 ans mérite que l'on mette des moyens en consultations et en hospitalisations brèves pour un bilan systématique. »
La prévention, un outil indispensable
Prévenir les risques de récidive, un véritable enjeu de santé publique.
Mère de famille, Béatrice Müller a sombré dans la dépression après une séparation.
De ses deux jours passés dans le coma après sa quatrième tentative de suicide, elle conserve, un an après, des séquelles qui l'empêchent de retravailler.
Car, au-delà de la tragédie pour les proches, le suicide est un fléau économique. Une équipe de chercheurs de l'Hôtel-Dieu, à Paris, en a d'ailleurs évalué le coût à plus de 4,5 milliards d'euros par an. Une facture lourde, obtenue en additionnant les dépenses liées aux secours, les frais d'hospitalisation et le manque à gagner pour la collectivité qu'entraînent arrêts de travail et pertes d'emploi.
Alors qu'en 1998 le secrétaire d'Etat à la Santé Bernard Kouchner misait sur la prévention pour faire passer le nombre des suicides sous la barre symbolique des 10 000, les différents plans d'action ont eu, depuis, peu d'effets. « Les études scientifiques, justifie Annick Gardies, directrice de la communication de l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), montrent que parler du risque suicidaire est contre-productif. Nous avons donc choisi de travailler en amont sur tout ce qui est mal-être. »
De la prévention, l'association Suicide Ecoute en fait bénévolement en écoutant ceux qui sont au bord du gouffre. « C'est encore une pulsion de vie, ce besoin de lien une dernière fois, d'être reconnu peut-être », relève Isabelle Chaumeil-Gueguen, sa présidente.
Pour le Pr Lejoyeux, l'épisode dépressif est repérable par trois éléments : « Le premier, c'est la perte d'envie. [...] Le deuxième critère, celui qui pousse à penser que la seule logique est de mettre fin à ses jours, c'est la perte de l'estime de soi. [...] Le troisième, c'est le ralentissement, la fatigue. » Sans que l'on sache identifier pourquoi, certains dépressifs vont entrer dans la crise suicidaire.
Un moment à haut risque pas toujours repérable, même pour les professionnels de santé. A Lyon, le Pr Jean-Louis Terra mise sur l'enseignement de techniques d'intervention, élaborées au Canada, auprès des psychiatres, des psychologues et des infirmières.
« Faire une tentative de suicide, rappelle le psychiatre Michel Walter, c'est à la fois vouloir mourir et vouloir que quelque chose change dans la situation actuelle. Tout est résumé dans cette phrase, très souvent employée par les adolescents : "Je ne veux plus de cette vie-là..." »
Christine Guillemeau
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