L’amour est présence. Il est la constance témoin de l’inconstance, la permanence témoin de l’impermanence. Il est le connaisseur des contraires, ne connaissant pas, dans sa nature, de contraire. Il n’y a ainsi pas de contraire à l’amour.

Le pouvoir de l’amour est d’être libre du besoin. Il fleurit ainsi dans la plénitude de sa présence.

Vouloir aimer appartient à la personne. L’amour est sans vouloir.

Vouloir être aimé appartient aussi à la personne. L’amour a-t-il besoin d’amour ?

Lorsqu’un être est aimé, il est accepté tel qu’il est. Lorsque le monde est aimé, il est accepté tel qu’il est.

L’amour qui se réfléchit dans le mental individuel devient individualisme, égocentrisme. Lorsqu’il se réfléchit dans le mental universel, il devient universalisme, altruisme. Lorsqu’il se libère de toute réflexion, il est amour pur, unique réalité.

Fondamentalement, être est amour. Les colères, chagrins et peurs disparaissent dans la plénitude de l’être. Ils ne sont que réactions liées à l’oubli de la nature de l’être.

L’amour est intelligence. Il est le connaisseur du mental, et, en cela, le transcende. La pensée n’en est que son reflet, mais le reflet n’est qu’une pâle imitation de ce qu’il reflète. La voie du cœur est ainsi suprême intelligence.

Bien que la personne soit l’expression de l’amour, elle n’en est qu’une expression tronquée. Oublieuse de ce dont elle provient, elle s’imagine détenir un pouvoir qui ne lui appartient pas. Ce n’est que le regard qui peut démasquer l’imposteur, et remettre à l’amour ce qui n’a jamais manqué de lui appartenir.

L’abandon du pouvoir concerne la personne. Mais comment l’amour lui-même, source de tout pouvoir, pourrait-il abandonner le pouvoir ? Il est le Dieu des religions, le silence du méditant et le savoir de l’érudit. Déguisé sous des apparences multiples, il ne perd jamais le fil de ce qui est, étant lui-même le fil et la main qui l’a tissé.

Jean-Marc Mantel