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La Méditation

la-meditation Selon l'esprit druidique

La méditation I

Accepter ce qui arrive à soi, un événement, une proposition, une pensée, est quelque chose de facile si cela à un caractère agréable et difficile si cela nous paraît désagréable. Contrairement aux apparences ce n'est peut être pas d'accepter qui est le plus difficile. Car en fait, quelque soit le caractère de ce qui se présente, il y aura toujours quelque chose qui se présentera à nous physiquement et/ou moralement ; et nous n'aurons pas toujours le choix d'accepter ou de refuser. On peut finir par se forger à l'idée d'accepter tout quelle qu'en soit la teneur. Le plus difficile est de ne pas rechercher le côté agréable qui peut se présenter à nous. C'est à dire de ne pas être enclin à rechercher ce qui nous plait de manière systématique. Chez tout phénomène manifesté, il y a une quête permanente du bonheur, une volonté de canaliser l'énergie dont nous sommes l'expression vers un objet précis relatif à une mémoire ou un instinct qui le voit comme favorable. Personne lisant cela ne peut y échapper, même les masochistes qui trouvent du contentement dans une souffrance. Cela reste du contentement néanmoins.

La méditation reste un concept relativement délicat à cerner. Notre habitude à classer les concepts dans des casiers étiquetés de notre mémoire tend à considérer la méditation comme un exercice mental qui entraîne l'esprit par un jeu dans un vide serein. Il y a là, une image d’Épinal du vieux sage, assis les jambes croisées, impassible et détaché de tout ce qui se trouve autour de lui. Encore une fois, de la vision entretenue de la méditation, on ne retient que le côté agréable que l'on idéalise... ou désagréable si cette vision nous ennuie profondément.

Mais pour les civilisations qui ont, ou qui ont été aptes à voir la méditation comme un processus d'évolution, il s'agit d'avantage d'un « entraînement à... » plutôt que du calme de l'esprit qui peut en résulter. Il y a un parallèle entre faire du sport pour la culture de son corps ou entretenir une bonne santé, et faire du sport pour obtenir une médaille aux jeux olympiques. Donc « s'entraîner à... », « s'habituer à... » ou « s'éduquer à... » est l'idée et la définition que nous retiendrons principalement du terme méditation. Les résultats viendront suivant l'investissement et les orientations des uns et des autres. En tant qu'entraînement, il nous faudra concevoir la méditation comme un exercice en général, mais répétitif en particulier. Eventuellement, comme des exercices ayant autant de résultats qu'ils peuvent avoir de particularités et différences. Ce qui se nomme méditation n'est pas nécessairement un besoin d'être assis immobile sur un coussin, en tailleur et dans le silence.

En fait, tout exercice appliqué avec soin et conscience, dans un esprit ayant un caractère spirituel, peut devenir une méditation. Sans un esprit spirituel, ce sera peut être un jeu, une thérapie, ou autre chose qu'un « entraînement à... » s'élever dans l'esprit des druides, ou une autre spiritualité. Il y a des méditations dans l'effort de l'action, d'autres dans la détente et le relâchement, et d'autres encore, dans le sommeil ou la conscience disparaît. Pour un être spirituel, dans n'importe quel action de la vie une méditation peut être liée.

Ainsi, une multitude d'exercices méditatifs peuvent être envisagés. Mais sans partir dans le n'importe quoi, qui bien sûr nous fait plaisir... Il est bon de cerner ceux qui présentent des intérêts de ceux qui n'en présentent pas, ou peu. Les types de méditations intéressantes sont celles qui ont fait leur preuves auprès d'êtres qui les ont menés longuement jusqu'à des résultats effectifs, et, de ce fait, font partis d'une tradition explicable et expliquée. Ces exercices se regroupent suivant les tendances des individus qui les pratiquent et de ceux qui les transmettent. Les divers contextes culturels sont influents par des apports d'extériorisation. Les lieux où ils sont pratiqués importent. Les résultats peuvent être différents suivant si vous pratiquez sur une île, dans une forêt, sur une montagne, mais aussi, dans le froid, le chaud, l'humidité, avec un air sec... Et puis les contextes sociaux interviennent. Il n'est pas pareil de méditer dans une ville que dans un endroit de solitude, dans un pays en guerre que dans un pays en paix. Le rapport qui nous est imposé par nos semblables est plus ou moins oppressant, ou renforçant pour certains. Il est possible de méditer sous un ciel bleu ou durant une période de pluie, le jour ou la nuit, et là encore avec des bougies ou dans une obscurité totale. Enfin, la méditation est un acte du corps, de la parole et de l'esprit, un trait d'union qui s'inscrit dans le temps. Il est possible de méditer quelques instants brefs et ponctuels, ou durant des jours, voir des années, retiré volontairement pour y consacrer sa vie. Chaque pas fait pour avancer sur le chemin des druides est déjà une évolution, quelque soit la paire de chaussures qu'on veut bien porter...

La méditation est donc en quelque sorte un système d'auto développement nous permettant de changer de dimension. Par des « entraînement à... » réguliers et régulés en fonction de nos moyens et possibilités, on grandit comme un enfant devient adolescent, puis adulte, puis être humain accomplit, puis vieillard et enfin cheminant dans les sphères de l'au-delà de l'instant de la mort. Les constituants de la méditations sont comme des parents qui nous donne la vie et nous guident. Suivant les aspects de la méditation ont pourra distinguer un aspect Père et un aspect Mère. L'aspect Père sera ce qui relève de la concentration développant une volonté déterminante. L'aspect Mère sera ce qui relève de la contemplation développant l'énergie créative.

Ces deux aspects généraux sont opposés et complémentaires. Les méditations Père amèneront à constater ce qui est et qui tend à disparaître. Les méditations Mère amèneront à constater ce qui n'est pas et qui tend à apparaître. Il semble évident que pour la très grande majorité des méditants, il est préférable de commencer par des exercices relevant de la méditation Père. En effet, les objets de méditation, les supports sur lequel l'esprit peut se poser, puis ensuite travailler jusqu'à développer des facultés, sont aussi nombreux que ce que nos yeux peuvent voir, nos oreilles entendre, ou autre sens en action, sans même parler de ce que notre esprit peut imaginer. Travailler sur quelque chose qui existe, dans le sens palpable par le corps ou envisageable par l'esprit rassure nos conceptions cartésiennes. Des siècle de culture formelle, pour finir dans la fascination du matérialisme, cela ne se transcende pas comme cela. Le temps où la nature de la vie ouvrait les portes de l'inimaginable est révolu. Donc, les méditations Père sont à privilégier dans un premier temps. Elle renforceront la partie lumineuse de l'esprit, cette partie qui éclaire la conscience et fait jaillir la compréhension jusqu'à la certitude. Le côté Mère se dévoilera de lui même peu à peu par l'aboutissement et l'épuisement des certitudes. En cela, les réflexions sur les vécus méditatifs, au gré des compréhensions philosophiques et des exemples trouvés autour de nous sur le chemin, nous aideront à voir ce que l'excès de lumière ne nous permet pas de voir par aveuglement.

 

 La méditation II

Méditation

Après avoir envisagé quelques principes généraux, contenus dans le terme méditation d'un premier article, il est bon d'envisager des principes particuliers. Ces principes représentent une base, un processus que chaque adepte accomplit avant de s'engager dans une méditation formelle. L'adjectif "formelle" sous entend un acte volontaire et non un vécu événementiel qui devient une méditation providentielle. En d'autres termes, il s'agit là d'une méditation déterminée dans le but d'établir un lien personnel et direct avec l'Assemblée druidisante, l'Enseignement comme émanations des dieux et le souffle divin dont nous portons tous le sceau.

 

Des conditions propices

Bien qu'il soit délicat de prescrire un lieu déterminé et que nombreux soient les lieux pouvant devenir sacrés, il y aura forcément un endroit particulier ou un adepte se sentira bien, qui lui paraîtra familier. Ce lieu le sera grâce au calme qu'il nous suggérera. Cela peut être relatif à la présence d'un arbre, d'un végétal d'intérieur, de pierres agencées, de la vue d'un paysage... Le contexte alentours naturel est d'une grande aide. En intérieur, les teintes et formes d'une pièces ont également une importance suivant notre état d'âme. Méditer dans une pièce aux couleurs trop vives peut être gênant pour certaines personnes. Au tout début d'une séance de méditation, il est important de développer la conscience du lieu, c'est le moyen de rentrer en harmonie avec les conditions extérieures dans lesquelles ont envidage un acte spirituel. Si on néglige ces conditions préliminaires alors ce qui suit sera négligé car posé sur des bases instables ou contraires. Les premiers instants sont une acceptation réciproque entre ce qui est autour de nous et ce qui est en nous. Il y a reconnaissance du champ de conscience immédiat, dans lequel le corps va s'immerger. La condition propice au corps est la posture du milieu, c'est à dire ni trop haute, debout, ni trop basse, couché. Il s'agit donc d'être assis, de préférence sur un coussin très rembourré. Je ne conseillerai pas un rocher... mais cela serait une bonne chose, si votre chemin est celui de l'endurcissement. Si votre corps à besoin d'un peu plus de douceur, ou si il ne vous laisse pas le choix, une chaise ou un fauteuil va pouvoir faire le nécessaire. Quand aux détails de l'assise, nous nous occuperons plus tard, lorsque cela deviendra une forte nécessité. Pour le moment laissez vous vous inspirer de la posture de Cernunos, maître des états intérieurs les plus profonds. En terme d'objets rituels, ils seront en liens avec la quatrième phase de la méditation.

 

Le balancement de l'univers

En second temps, lorsque l'entourage proche est convenable, lorsqu'on y est assis au centre, il est alors le moment d'appréhender le flux et reflux universel. Notre respiration est l'empreinte incontournable du rythme naturel de l'univers. Et ce sera à travers notre inspiration, plutôt courte, et notre expiration, plutôt longue, que nous pouvons retrouver le lien direct avec le cosmos. C'est, en quelque sorte, se mettre sur une même fréquence. L'air, cet élément mobile et omniprésent, pénètre par les narines et descend dans nos poumons. A ce moment, il est souhaitable de ressentir en soi la poussée de cette descente d'énergie du souffle jusque dans l'abdomen, dans sa partie sous le nombril. Lorsque cette poussée est correctement effectuée, on peut sentir la tendance qu'a la partie supérieure du corps, poitrine, épaules et tête, à se redresser. Une image exagérée serait celle d'un bonhomme gonflable, genre bibendum Michelin à qui on insufflerait une pression d'air forte. Immédiatement, il se redresserait. Après avoir gardé l'air un petit moment en soi, on la laisse remonter jusqu'aux narines pour une lente expulsion. Là, inversement, l'énergie du souffle sera ascendante et la partie supérieure du corps aura tendance à s'infléchir. Ici s'explique la raison pour laquelle l'expiration doit être un peu plus longue que l'inspiration. La conscience qui suit l'application de ce rythme naturel aura tendance à une détente aisée, relaxante, apaisante au moment de l'expiration. A cet instant, l'esprit qui ne penche pas vers la somnolence aura tendance à compenser cet assouplissement vers le vide par un rebond sur une pensée déterminée et rassurante, mais hors sujet de méditation. Car au fond, la répétition de plusieurs inspirations/expirations a pour but premier de reprendre l'attention, d’entraîner la conscience à ne pas fuir vers des terrains connus et aliénants. Même une pensée concernant la phase précédente, se demander si les conditions propices sont bien remplies par exemple, est une pensée hors sujet. Cette phase de méditation sur la respiration est destinée à trouver le juste équilibre entre la tendance à somnoler et celle à penser. Lorsqu'on s'engage à poser sa conscience sur un certain nombre de respirations que l'on peut définir préalablement, alors, tout autre sujet est superflu et contradictoire à l'engagement. Chaque phase de la méditation est un engagement qui demande une discipline. C'est la première marche de la prise de contrôle de notre esprit, si souvent dérobé par l'activité quotidienne et son lot d'émotions.

 

L'aurore de l'esprit

Cette troisième phase est la suite de l'harmonie issue de notre respiration consciente. Plus cette dernière aura été posée, calme et souple, plus la conscience des instants se succédant laissera une motivation paisible grandir en nous. L'aurore de l'esprit est cette conscience paisible qui n'éprouve plus le besoin de s'attacher à des repères de notre monde quotidien. Si vous demeuriez très tôt le matin sur une plage, et que le flux et reflux de l'océan vous berce, la lumière du jour naissante ne vous incommodera pas. Elle participerait à cette harmonie du rythme universel de l'océan. Ce serait comme si chaque vague naissante, disparaissante, tel un balai ininterrompu, poussait la lumière à croître. Ainsi se fonde la beauté, l'harmonie et l'équilibre au fond de nous même.

 

La conscience lumineuse

Après les lueurs de l'aurore poussées par les ondes de l'océan, se lève le soleil. A cette phase de la méditation viennent d'autres phases de rituels, correspondant aux divinités et plus particulièrement celle que l'on accepte comme tutélaires et/ou protectrices.

 

L'héritage offert

Cette cinquième et dernière phase n'est plus vraiment une phase de méditation à proprement parler. C'est le retour au monde. Cela s'exprime par revenir lentement, dégressivement et inversement, aux trois phases qui ont construit le lien avec la part divine qui constitue notre nature profonde et essentielle. On reprend progressivement contact avec notre superficialité fugace sans oublier ou négliger le vécu de la méditation. Chaque méditation devient comme une goutte d'eau qui s'ajoute à l'océan. Incommensurable, inaltérable, tel est l'océan. Ainsi, méditation après méditation, on ne rajoute quasiment rien de plus à notre vie, mais on devient peu à peu comme l'océan. Des paroles de bon augure pour le Ciel, la Terre, la nature qui en découle et les êtres qui la constituent sont prononcées dans cette dernière partie de l'héritage offert. Rien n'est gardé pour soi, si ce n'est une goutte anonyme de plus dans notre océan. Puis l'esprit revient à l'entourage, notre corps se lève et nous rejoignons le monde dans son activité de devenir.

Source : druide d'hier et de demain
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