Précisons d'abord la définition de l'« extinction de masse » : 75 % au moins des espèces présentes sur la planète finissent par s'éteindre sur une période inférieure à 2 millions d'années. Vous allez dire « 2 millions d'années, la belle affaire, c'est long ». À l'échelle de notre vie humaine, cela ne fait pas de doute, mais pas sur un plan géologique : dans ce cadre, c'est très surprenant. Sur un temps géologique donc, on a identifié 5 extinctions de masse durant les 540 derniers millions d'années.
Pourquoi penser que nous assistons actuellement à la sixième ?
Les touristes ne sont pas les seuls à visiter le parc de Yellowstone. Là-bas, les géologues étudient une caldeira volcanique. On a noté que cette caldeira monte doucement et l'on peut donc craindre l'explosion d'un supervolcan. Cela est déjà arrivé il y a 250 millions d'années en Sibérie. L'éruption a duré un bon millier d'années, envoyant dans l'atmosphère tellement de poussières et gaz (dont à effet de serre), que le climat a perdu les pédales et oscillé dans les extrêmes. Résultat : extinction de masse.
Pour un « martien », l'humain est une espèce très invasive. Nous avons conquis tous les continents à l'exception de l'Antarctique. Notre population a explosé et nous avons chassé, directement ou indirectement, des tas d'espèces de leur habitat naturel. On peut se faire peur en réalisant une analogie avec l'extinction de masse qui est intervenue au Dévonien. Il semblerait bien que ce fût le résultat d'une espèce invasive de requins qui mangeait tout ce qui passait. Cela aurait brisé la chaîne alimentaire marine. Cette hypothèse reste encore spéculative toutefois.
L'Antarctique se réduit comme une peau de chagrin et les températures montent. Les humains ne seraient pas seuls responsables. Le souci est que ce phénomène provoque facilement des extinctions de masse.
En soi, le terme ne fait pas trop peur, mais il y a de quoi s'inquiéter, car cela affecte beaucoup la vie marine. L'acidification des océans a joué un grand rôle dans l'extinction de masse du triasique, il y a 200 millions d'années. 80 % des espèces y ont laissé leur peau, en particulier dans les océans évidemment. Lorsque l'acidité grimpe, les niveaux de calcium diminuent. Or, les organismes, dont plusieurs espèces de plancton, utilisent le calcium pour se protéger (coquilles, etc.). Lorsque ces créatures meurent trop rapidement ou ont plus de difficulté à se reproduire, c'est toute la chaine alimentaire qui est affectée. Plus les créatures meurent vite, plus les déchets s'accumulent trop vite au fond de l'océan, et cela contribue à l'acidification.
En soi, une espèce qui s'éteint n'a rien de choquant et il ne faudra pas s'étonner que la nôtre finisse un jour par rendre l'âme. Le souci se manifeste quand de nombreuses espèces semblent disparaître rapidement en même temps, plus vite que la nature n'en engendre de nouvelles. Les preuves s'accumulent actuellement pour affirmer que c'est le cas. Cela ressemble fort à l'initiation d'une extinction de masse.
Un des critères que les scientifiques étudient pour estimer la vitesse de l'extinction est la diversité des fossiles. Dans les relevés considérant l'époque « très récente » (sur les 50 000 dernières années), on voit une chute brutale de la diversité des espèces. Il y avait en particulier une mégafaune comme de paresseux géants par exemple qui a disparu des radars. On soupçonne beaucoup les humains d'y avoir joué une large part. Lorsque l'on constate une disparition en un temps si rapide de toute une catégorie d'espèces, on peut se faire du mouron.
Certains amphibiens vous sont bien connus : les grenouilles. Ces dernières en particulier souffrent beaucoup et de nombreuses espèces disparaissent en un clin d'oeil. On pense d'ailleurs nommer le siècle précédent la « crise de la biodiversité », au passage. Les champignons sont actuellement des adversaires redoutables pour les grenouilles et cela les chasse de leur habitat. Plus la diversité se réduit, plus les espèces invasives s'étendent (et inversement).
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