Passionné par les phénomènes paranormaux depuis son plus jeune âge (il intégra la société des Amis de l'Institut Métapsychique International), Jean Moisset a trouvé une extraordinaire voie d'étude quand, en 1985, il a constaté d'étranges coïncidences entre les jours anniversaire de naissance et de mort de son père. Dès lors, sa chasse aux coïncidences va devenir presque obsessionnelle, au point de s'entendre dire par le professeur Pierre Solié :
« Ne pensez plus aux coïncidences, sinon vous risquez la névrose ! »
Passant outre ce conseil, il a continué des recherches qui se sont très vite traduites par la parution d'un premier livre Enigmatiques coïncidences et unité du monde (éditions Présence).
Qu'est-ce qu'une coïncidence ordinaire ?
Parmi la multitude de faits observés ou d'informations perçues par chacun d'entre nous, il est normal que, de temps à autre, surviennent des coïncidences, c'est-à-dire des rencontres fortuites ou des événements simultanés présentant une ressemblance. Ces coïncidences, en général d'une grande banalité, sont explicables par les probabilités. Voici, en vrac, quelques exemples : vous vous apercevez, en parlant à un inconnu, que vous avez un ami commun. Vous pensez à votre mère qui vous téléphone chaque semaine et elle vous appelle à ce moment-là. Vous cherchez un livre épuisé et, le même jour, vous l'apercevez dans la vitrine d'un bouquiniste. Vous prononcez un mot et vous l'entendez au même instant à la radio...
Est-ce la même chose que la loi des séries ?
Non. La sérialité ou « loi des séries », étudiée par la biologiste autrichien Kammerer (1880-1926), est une répétition d'événements, choses, symboles analogues ou identiques dans le temps et/ou dans l'espace. Elle fait l'objet de dictons célèbres : « Jamais deux sans trois » ou encore « un malheur n'arrive jamais seul ». Exemples de sérialité : l'annonce par les médias, le même jour, de plusieurs accidents de même nature (déraillement de trains par exemple) ; une suite d'événements vécus par une personne, soit heureux (période de chance), soit malheureux (série noire), bien connue par la plupart d'entre nous ; au loto, la sortie d'un même numéro plusieurs tirages de suite (sérialité dans le temps) ou de plusieurs numéros voisins au même tirage (sérialité dans l'espace). Ou encore la répétition de faits inopinés présentant une ressemblance : ainsi, vous êtes invité à déjeuner et la maîtresse de maison vous sert un petit salé aux lentilles. Or, l'avant-veille, vous aviez déjà mangé ce plat chez vous et la veille chez des parents. La synchronicité est encore plus complexe. Il s'agit des coïncidences dont le caractère mystérieux nous laisse un sentiment troublant, indéfinissable. On dit alors que la coïncidence est « signifiante », c'est-à-dire chargée de sens. Elle se caractérise par le fait que le psychisme de la personne est plus impliqué que dans une simple coïncidence et que sa probabilité d'occurrence est plus faible. Cela procure un sentiment d'importance au sein de l'Univers, comme s'il s'agissait d'un « clin d'oeil » du destin...
Avez-vous un exemple expliquant clairement la différence entre coïncidence simple, sérialité et synchronicité ?
Essayons. Durant vos vacances, vous rencontrez par hasard un couple d'amis. C'est une coïncidence. Si, en plus de cette rencontre, vous retrouvez deux autres amis séjournant dans la même station balnéaire, il s'agit d'une sérialité. Enfin, vous habitez Metz et vous vous rendez en vacances à Antibes. Au cours du voyage, vous pensez – en voyant une affiche publicitaire sur la Polynésie – à des amis partis vivre à Tahiti et dont vous n'avez plus de nouvelles depuis 18 ans. Après être descendu à l'hôtel, vous allez à la plage et installez votre serviette sur le sable avant de vous baigner. Vous vous apercevez alors avec stupéfaction que vos plus proches voisins sont les amis tahitiens en question ! C'est une synchronicité.
Vous tenez le psychiatre Carl Gustav Jung pour inventeur du concept de synchronicité...
Absolument. Jung fut, jusqu'à leur rupture, le disciple préféré et le plus proche de Sigmund Freud, le théoricien de l'inconscient individuel. Puis Jung s'écarta des thèses de son maître en créant la psychologie analytique, fondée notamment sur l'idée de l'inconscient collectif et des archétypes pouvant expliquer la création de synchronicités. Jung a mis au point le principe de la synchronicité avec le physicien américain d'origine autrichienne Wolfgang Pauli (1900-195), prix Nobel de physique en 1945. Ils définirent la synchronicité comme
« une coïncidence temporelle sans lien causal, entre un état psychique donné et un ou plusieurs événements extérieurs objectifs, offrant un parallélisme de sens avec cet état subjectif du moment ».
L'un des cas de synchronicité les plus étonnants auxquels Jung fut confronté survint lors d'une séance, dans son cabinet. Sa patiente lui racontait un rêve où elle recevait un scarabée d'or en cadeau. Au même moment, Jung entendit un bruit à la fenêtre. Il s'approcha, aperçut un insecte sur la vitre, le captura et constata alors qu'il s'agissait d'un scarabée !
Selon Jung, il existerait un « inconscient collectif » situé dans une autre dimension, hors de l'espace-temps, sorte de supraconscience cosmique de l'Humanité à laquelle nous serions reliés par notre inconscient personnel. Dans cet inconscient collectif se constitueraient des « centres d'énergie psychique potentielle » appelés archétypes. Les archétypes représentent des thèmes, des mythes, des images symboliques... qui peuvent être aussi nombreux que variés : le cosmique, le sentiment religieux, l'ange gardien, le paradis, le conte de fées, le diable, l'enfer, la Terre, la nuit, la mère, le père, la grand-mère, le vieux sage, l'homme fort, le séducteur, la femme fatale, etc...
Avez-vous un exemple personnel de synchronicité ?
Bien sûr. J'habitais alors Nice depuis quelques mois. Je me réveille un matin avec un torticolis très douloureux, semblable aux crises que j'avais à l'époque où j'habitais Paris. Je me mets soudain à penser au docteur parisien qui m'avait soigné pour une arthrose cervicale. Je décide d'aller faire quelques achats avenue Jean Médecin et, soudain, je tombe nez à nez avec ce praticien qui se trouvait à Nice pour un congrès ! Non seulement j'ai pensé à mon médecin parisien et je l'ai rencontré une heure après à Nice, mais cela s'est passé avenue Médecin !
Existe-t-il un phénomène unique de synchronicité ?
Non. Il existe plusieurs variantes : les synchronicités décalées dans le temps (phénomène de clairvoyance), qui ne peuvent être vérifiées qu'après coup. Les synchronicités par identité de pensée instantanée entre deux personnes, sans événement extérieur objectif : c'est la télépathie. Exemple : vous pensez à un ami dont vous n'avez pas eu de nouvelles depuis longtemps. Au même moment, votre téléphone sonne : c'est lui ! Les synchronicités à présage consistent dans la perception de signes symboliques (souvent des nombres) par une personne, annonçant la survenance prochaine d'événements favorables ou désagréables, selon leur nature et l'interprétation qu'en fait le témoin. Enfin, il existe aussi des synchronicités généalogiques (le cas de Cendrine, à Nice, dont cinq parents proches sont morts un 12 mai) ou familiales (notamment entre jumeaux) et les rétro-synchronicités historiques comme celle entre Abraham Lincoln et John Kennedy.
Quand les synchronicités surviennent-elles ?
On a constaté que certaines circonstances étaient propices aux synchronicités. Citons les états médiumniques, mystiques ou modifiés de conscience (hypnose, NDE...), les liens affectifs et empathiques très étroits (jumeaux), les situations dramatiques, les maladies graves, les difficultés sociales, les troubles psychiques, la recherche spirituelle, la création artistique, les découvertes scientifiques...
Selon vous, certains phénomènes paranormaux s'expliqueraient par la synchronicité...
C'est vrai. Quand on compare les phénomènes psy avec la synchronicité, on leur trouve des points communs : ils ont un caractère spontané, ils sont difficilement reproductibles et ils sont pratiquement inexplicables par la science. La synchronicité pourrait expliquer la télépathie, la prémonition, la clairvoyance, la vision à distance, les apparitions, la psychokinèse, la réincarnation, les poltergeists, la lévitation, les expériences de mort imminente, la transcommunication... Ainsi, la télépathie serait la coïncidence entre l'état de pensée de deux personnes. L'impression de déjà-vu ou de déjà-vécu est un phénomène pouvant s'expliquer par le déphasage des deux hémisphères cérébraux, la perception étant enregistrée par l'un d'eux avec une fraction de seconde de retard par rapport à l'autre. Mais il pourrait aussi s'agir d'une synchronicité entre une perception objective de notre psychisme et une image archétype réactivée par notre inconscient.
Vous appliquez également la synchronicité aux ovnis.
En effet. Les ovnis pourraient être des hologrammes – des images fantômes – provenant d'une autre dimension et générés par des archétypes de l'inconscient collectif. Ils correspondraient à des mythes de l'Humanité ou à des préoccupations du moment (on explique ainsi la vague d'ovnis à forme de dirigeables vus aux Etat-Unis en 1897... année où fut précisément lancé le premier dirigeable en métal) voire à des images de science-fiction publiées dans le passé. On peut également imaginer que les extraterrestres na soient pas physiquement présents sur notre planète mais forment des hologrammes, captés sur Terre par une sorte de télépathie. Ceci expliquerait pourquoi les ovnis demeurent insaisissables, comme s'ils étaient sans matière, et peuvent fusionner entre eux ou se scinder en plusieurs parties et disparaître instantanément... tout en créant des effets palpables sur les témoins (paralysie, sommeil, distorsion du temps) !
Dans l'ABC des coïncidences mystérieuses (éditions Jacques Grancher), Jean Moisset démontre que le monde ne serait pas uniquement régi par une causalité aveugle (la fameuse relation de cause à effet) mais que les êtres, les choses et les événements seraient également reliés selon un ordre issu d'une autre dimension, hors de notre espace-temps.
Jean Moisset a relevé dans la vie et la mort de deux des plus célèbres présidents des Etats-Unis, Abraham Lincoln (1809-1865) et John Kenndy (1917-1963), de très troublantes coïncidences.
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LINCOLN |
KENNEDY |
Elus présidents en |
1860 |
1960 |
Circonstances de décès |
Tués en présence de leur femme, un vendredi, d'une balle dans la tête |
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Successeurs |
Andrew Johnson, sénateur démocrate de Sud né en 1808, décédé 10 ans après Lincoln |
Lyndon Johnson, sénateur démocrate du Sud né en 1908, décédé 10 ans après Kennedy |
Assassins |
John Wilkes Booth, né en 1839, abattu avant d'être jugé |
Lee Harvey Oswald, né en 1939, abattu avant d'être jugé |
John Wilkes Booth |
Abattit Lincoln au théâtre Ford et courut se réfugier dans un entrepôt |
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Lee Harvey Oswald |
Tira sur Kennedy d'un entrepôt et courut se réfugier dans un cinéma |
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Vie conjugale |
La femme de chacun des présidents perdit un enfant durant son séjour à la Maison Blanche |
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Nom d'un proche collaborateur |
Kennedy |
Lincoln (sa secrétaire) |
Nombre des lettres du nom des Présidents |
7 lettres |
7 lettres |
Nom + prénom de leur successeur |
13 lettres |
13 lettres |
Nom + prénom de leur assassin |
15 lettres |
15 lettres |
Autres faits étranges :
Un voyage en ballon
Camille Flammarion (1842-1925), fondateur de la Société astronomique de France, fit son voyage de noces en ballon. Il proposa le voyage au curé ayant béni son union. Celui-ci accepta mais, la veille du départ, se récusa car il devait aller chez des parents au bord de la Marne.
Flammarion et son épouse s'envolèrent donc seuls. Or, par un concours de circonstances extraordinaire, le ballon fut dirigé par le vent... à l'aplomb du jardin où le curé était en train de déjeuner !
Cinq naufrages et le destin
En 1820, après 5 naufrages consécutifs, Peter Richley fut recueilli par le paquebot City of Leeds, en route vers l'Australie. À son bord se trouvait une vieille dame qui recherchait son fils disparu depuis près de dix ans. Souffrante, elle le réclamait dans son délire. Le médecin du bord décida de demander au naufragé, qui ressemblait au fils que la vieille dame lui avait décrit, de se faire passer pour son fils afin d'adoucir ses derniers instants.
Stupéfaction de ce dernier lorsqu'il reconnut sa propre mère, Sarah Richley, laquelle se rétablit rapidement !
Série à 6 paramètres
En 1915, deux soldats furent admis séparément dans un hôpital de Bohème. Tous les eux avaient 19 ans, souffraient de pneumonie, étaient nés en Silésie, étaient volontaires dans le Train des Equipages et, dernier point, s'appelaient tous deux Franz Richter.
Paru dans Facteur X n°13
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