Les jeunes générations le connaissent mal. Ses exploits sont trop anciens pour notre monde qui va vite. C’était en 1986, il y a tout juste trente ans. Un homme, Jean-Louis Etienne fêtait ses quarante ans tout seul, au Pôle Nord, après avoir parcouru plus de 1000km à pieds, par -50 degrés, en tirant son traîneau de fortune. Il voulait rallier le pôle en solitaire. Tout le monde lui disait que c’était impossible. Cet homme, c’est Jean-Louis Etienne. Et depuis que j’ai l’immense fierté de travailler avec lui sur sa dernière grande expédition, sans doute la plus importante de toutes, il y a un petit quelque chose qui a changé dans ma vie. Dans ma vie d’homme et d’entrepreneur.
Quand il est revenu du pôle, Jean-Louis Etienne a écrit :
“Je revenais plus solide de cette confrontation réussie avec moi-même. Pour avoir maintes fois résisté à la tentation de l’abandon, je m’étais forgé une conviction : il faut persévérer sur son chemin même si la voie est difficile, car le voyage, l’engagement nous transforment. Dans sa brutalité immédiate, la banquise fait fuir, elle déracine le rêve, elle vous renvoie violemment au purgatoire de vos ambitions. Mais la persévérance est rédemptrice, elle conduit à recentrer ses forces, à l’hyperprésence, à découvrir un terrain personnel insoupçonné.
“Je revenais du pôle avec la perspective apaisante de continuer à inventer la vie.”
(JL Etienne — “Persévérer “ — Editions Paulsen)
Persévérer. Poursuivre la voie de ses rêves. Même si le chemin est difficile. C’est le message d’un explorateur et d’un conteur. C’est un message dont nous avons tous besoin aujourd’hui.
Le dernier grand projet de Jean-Louis Etienne s’appelle le “Polar Pod”. L’expédition Polar Pod. Dans deux ans, ce navire du futur partira explorer les derniers mystères de la planète.
Parce qu’il existe encore des territoires inexplorés. Et des solutions à trouver pour notre planète pour peu que l’on persévère dans l’invention d’un rêve.
L’océan austral, qui s’étend sur plus de 25.000km de circonférence, est le dernier territoire presque inconnu de l’humanité. Un océan gigantesque, pas loin de 80% de l’hémisphère Sud. Protégé par des vagues de plus de 20m de haut. Au delà de cette zone dont le nom fait déjà frémir : les 50èmes hurlants.
On ne sait pas ce qu’il s’y passe. S’y rendre est trop dangereux. Coûte trop cher. Alors que c’est le principal puits de gaz carbonique. Il joue un rôle essentiel sur le climat. Et toute la communauté scientifique internationale attend qu’un fou se jette dans sa gueule pour aller y cueillir des données essentielles à la survie de notre terre.
Alors Jean-Louis Etienne s’est dit : quel navire pourrions nous inventer pour aller affronter ce territoire abyssal, cette carte chaotique et indomptable de l’inconnu. Son projet fou : le Polar Pod. Un navire du futur. Un navire vertical. Haut de plus de 120m. L’équivalent de la statue de la Liberté, ou de l’Arche de la défense.
Conçu comme une station spatiale internationale, ce vaisseau écologique (zéro émission de CO2, zéro déchet) va se laisser dériver pendant trois ans, accueillant à son bord des équipes des scientifiques qui se relaieront pour découvrir les derniers mystères de la planète.
L’influence de l’océan austral sur le climat, mais aussi le mystère du chant des baleines, avec qui nous allons tenter de communiquer. Ou encore le mystérieux calamar colossal. Une créature sortie tout droit des romans de Jules Vernes, qui pourrait faire entre 20 et 30m de long, et que nous allons essayer de filmer dans son environnement naturel.
Mais le Polar Pod, c’est aussi un message envoyé à l’humanité.
C’est un message vivant pour les générations futures, qui doivent penser aux conséquences de leurs actes sur la planète, mais aussi continuer de croire en leurs rêves et à trouver des solutions.
L’humanité a besoin de croire qu’elle peut inventer son futur, qu’il y a des solutions à partir du moment où l’on ose suivre la voie de ses rêves, qu’on peut les réaliser à force de persévérance et d’un peu de folie.
Nous avons donné un slogan à ce projet : “Oser l’impossible”.
Quand Jean-Louis Etienne m’a demandé de faire de sa dernière épopée un média, un message pour les générations futures, j’ai été évidemment très fier. Surpris aussi. Nous nous étions rencontrés il y a deux ans, lors d’un dîner organisé par Google. Cette rencontre m’avait non seulement marqué mais elle avait été aussi un guide dans mon expérience d’apprenti entrepreneur.
“Ne jamais abandonner” est sa première leçon. Il dit parfois aux enfants dans les écoles qu’il visite :
“qui parmi vous a commencé une maquette d’avion ou de bateau et ne l’a jamais terminée ?”
A celui qui lève la main il dit :
“termine la. Tu verras, ta vie en sera transformée. Il faut toujours aller au bout d’un projet auquel tu as rêvé.”
La seconde leçon : “Restez fidèle à ce que vous aimez”. Ne faites pas autre chose.
Il l’accompagne aussi de cette phrase charmante :
“Oh, parfois on fait des infidélités à ce qu’on aime. Mais il ne faut pas les renier. Ce sont les infidélités qui remplissent la boîte à outils !”
J’ai donc choisi de faire de cette confiance le projet phare de la nouvelle agence que nous venons de créer avec Julien Tauvel, Gérald Obringer, Fanny Vielajus et un collectif de créatifs de grand talent : Imprudence.
Nous partageons les mêmes valeurs fortes, et surtout des convictions : nous pensons que les organisations et les entreprises doivent inventer leur futur. Il est temps de stimuler leur imaginaire et leur audace. Quel magnifique étendard pour lancer une nouvelle aventure ! Mais c’est bien plus que ça, vous l’avez bien compris…
Notre objectif, avec la bande de savants et de créateurs fous qui composent Imprudence, est de faire du Polar Pod une véritable plateforme média et pédagogique, un message fédérateur pour les nouvelles générations.
Pendant toute la durée du projet, le Polar Pod bénéficiera d’une plateforme média digitale et événementielle qui exploitera les dernières innovations technologiques et artistiques pour faire vivre cette aventure à la jeunesse, au grand public et aux communautés de passionnés.
L’expédition de trois ans sera rythmée par des événements à bord qui feront l’objet de retransmissions vidéo en direct spectaculaires ou en différé.
Certaines retransmissions seront accessibles en réalité virtuelle, pour faire vivre au grand public l’émotion de l’exploration comme s’ils étaient sur le navire.
Mais surtout, ce navire du futur, nous avons l’opportunité d’en faire une fierté française.
Une plateforme audacieuse, porteuse d’un message universel, à disposition de la communauté scientifique internationale. C’est pour cela que nous avons choisi d’aller chercher les financements en France. Pas chez Google, pas chez Elon Musk, comme on nous l’a conseillé si souvent. Et la tentation est immense.
En France, de belles énergies déjà se mobilisent autour de ce projet hors-normes : Vinci, compagnon des débuts, mais aussi Eiffage, son concurrent historique, qui a construit la Tour Eiffel. Ou encore l’institut Ifremer et le CNES. Mais surtout le CNRS qui a mis à disposition une scientifique à plein temps sur ce projet soutenu par une quarantaine de laboratoires : Séverine Alvain, qui ne cesse de nous surprendre par son énergie et sa passion. Il faut soutenir et faire connaître cette Recherche, française mais déjà internationale dans l’âme, qui se bat pour trouver des solutions pour la planète.
L’aventure du Polar Pod est à la fois un exploit scientifique et humain, et une vitrine de l’audace et de l’innovation technologique française. Porté par le dernier héros des temps modernes, dont l’humilité et la force d’âme me remettent à ma place chaque matin.
Depuis que nous travaillons sur ce projet, il y a comme un soupçon de bonheur en plus dans les tous nouveaux locaux d’Imprudence. C’est ce bonheur là que j’aimerais partager avec vous : retrouver de la fierté, retrouver du sens. Et du courage. Celui de se sentir inventeur, celui de se sentir audacieux, celui de se sentir indomptable, celui de se sentir Français.
(Pour en savoir plus et nous soutenir : www.polarpod.fr)
Publié avec l'aimable autorisation de Benoit Raphael. Source ICI
Photo : Séverine Alvain
Illustrations : Gérald Obringer / Imprudence
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